La technique agroforestière APAF

Notre objectif : réactualiser une technique agro-écologique ancestrale africaine consistant à planter des arbres fertilitaires dans les champs cultivés.

L’APAF a modernisé, vulgarisé et intégré, à partir des années 90, des techniques agricoles africaines ancestrales permettant aux paysans africains de cultiver les mêmes parcelles, de générations en générations, tout en reboisant les territoires de leurs villages.

Elle met en pratique une démarche participative et communautaire de formation des paysans aux différentes techniques agroforestières. La formation se fait sur le terrain et l’apprentissage est dispensé par des conseillers techniques africains issus eux-mêmes du monde paysan. Cette technique prend en compte les pratiques des paysans, leurs réalités, et leur rationalité, un gage de réussite pour nos projets.

Qu’est-ce que l’agroforesterie mise en œuvre par l’APAF ?

La technique agroforestière qu’utilise principalement l’APAF consiste à introduire des arbres fertilitaires dans les champs des paysans qui cultivent en dessous et autour de ceux-ci. Ces arbres à croissance rapide inversent le processus de dégradation des sols, fertilisent et réparent les sols. Ce sont des engrais verts permanents. C’est une technique duplicable et peu coûteuse, adaptée au monde paysan et à ses habitudes ancestrales.

Cette technique se substitue à celle, encore très pratiquée, de l’abattis-brûlis qui consiste à défricher et brûler la forêt pour y cultiver. Lorsque la production décline, la parcelle est laissée à l’abandon et pouvait se régénérer. Aujourd’hui, la hausse démographique entraîne une pression accrue sur les terres agricoles : les parcelles n’ont plus le temps de se régénérer et sont cultivées jusqu’à épuisement des sols. Une situation qui pousse les paysans à défricher continuellement les franges forestières.

Comment est-ce que ça fonctionne en pratique ?

Le concept technique et méthodologique agroforestier mis au point et vulgarisé par l’APAF se dessine comme suit :

  • Du point de vue des techniques agroforestières et forestières, il s’agit essentiellement d’introduire des arbres fertilitaires ou forestiers dans les champs des paysans et autres lieux de boisements, par plantation directe ou régénération naturelle assistée. Cette dernière technique consiste à à épargner et à entretenir dans la parcelle de culture les régénérations naturelles spontanées (repousses de souches, germination spontanée de graines enfouies…).
  • En ce qui concerne la méthodologie d’intervention dans les villages, il s’agit de mettre en pratique une démarche participative et volontaire incluant la formation des paysans aux différentes techniques agroforestières et forestières, que ce soit dans leurs champs individuels ou collectifs, dans leurs espaces de boisements ainsi que dans les pépinières villageoises. Il s’agit d’une action de développement « autocentré » sur la participation active des intéressés.

Quel intérêt pour les paysans ?

Les techniques agroforestières vulgarisées par l’APAF permettent la mise en place de systèmes d’exploitation économiquement viables et écologiquement stables. Aujourd’hui, pour les paysans, l’utilisation de nos techniques permet :

  • de fertiliser naturellement et durablement leur sol sans utiliser d’intrants externes coûteux et dangereux,
  • d’augmenter les rendements et la productivité et de diversifier leurs productions,
  • de garantir la sécurité alimentaire,
  • de réguler les cycles de l’eau et d’en améliorer ses ressources,
  • de produire du bois d’œuvre et de chauffe sur leurs champs,
  • de produire du fourrage avec les feuillages en saison sèche,
  • d’avoir une solution technique économique pour les productions biologiques,
  • de réduire le travail des femmes : elles récoltent du bois dans leurs champs agroforestiers au lieu de faire des dizaines de kilomètres pour trouver leurs fagots,
  • de s’adapter au changement climatique grâce à la diversification des productions et au microclimat généré par les arbres.

Et pour la planète ?

L’implantation d’arbres fertilitaires et forestiers sur les parcelles agricoles a également de nombreux atouts pour les écosystèmes et la lutte contre le changement climatique :

  • Contribution à l’atténuation du changement climatique grâce à la séquestration durable dans les arbres agroforestiers, dont certains sont ensuite convertis en bois d’œuvre
  • Lutte contre la déforestation en éliminant la nécessité de pratiquer l’abattis-brûlis pour installer des nouvelles plantations, ainsi que la récolte en forêt du bois de chauffe et des autres produits forestiers
  • Protection de la biodiversité locale grâce à une pression amoindrie sur les habitats naturels et à une restauration de la trame forestière
  • Promotion de la résilience des écosystèmes au changement climatique par la création de micro-climat et de biodiversité plus riche
  • Régulation du cycle de l’eau grâce à une meilleure rétention dans les sols

Nos itinéraires techniques

Nous avons développé empiriquement différents itinéraires techniques adaptés au contexte local (climatique, culturel). Ces techniques permettent d’inverser le processus de dégradation des terres par la pratique de systèmes écologiquement stables et économiquement viables. Elles font un usage plus durable des ressources afin d’assurer un équilibre à long terme des sols tropicaux fragiles. Il s’agit de lutter contre la désertification, d’augmenter la productivité et de garantir la sécurité alimentaire.

La culture en sous-étage ou champ multiétagé

Très apparentée à celle pratiquée dans les anciennes plantations cacaoyères et caféières de la région des plateaux ouest du Togo depuis l’introduction de ces cultures, au temps colonial, la culture multiét agée consiste à pratiquer les cultures de rente (café, cacao, palmier) ou vivrières, sous l’ombrage de grands arbres fertilitaires et parfois de valeur économique certaine (Iroko, Acajou, Wawa,…). C’est donc une méthode agricole togolaise ancestrale réactualisée par l’APAF dans les villages de la zone d’intervention.

De même, les champs multiétagés APAF sont très apparentés aux anciens parcs de Faidherbia albida communs à la zone sahélienne. Dans cette zone, les champs multiétagés permettent les cultures de rente (coton, arachide) ou vivrières (millet, mil, maïs…) et diverses cultures maraîchères sous l’ombrage léger de grands arbres fertilitaires.

Les arbres fertiliaires sont espacés, au démarrage du champ agroforestier, de 10 à 15 mètres ; après quelques temps, 20 à 25 arbres fertilitaires seront conservés par ha.

La culture en couloirs

Cet itinéraire est particulièrement adaptés aux terroirs où les paysans utilisent la traction animale pour labourer leurs champs. La disposition des arbres en couloir permet alors le passage.

Les cultures (coton, maïs, divers vivriers, maraîchage) sont implantées entre des haies d’arbres fertilitaires émondés régulièrement. Les arbres sont distants de plus ou moins un mètre dans la haie, les couloirs ayant une largeur de plus ou moins huit mètres et orientés Est-Ouest.

Des haies épineuses peuvent être mises en place sur le pourtour du champ pour le protéger du bétail.

La culture entre des pieds disséminés d’arbres fertilitaires émondés régulièrement

Les arbres étant distants de plus ou moins dix mètres l’un de l’autre. Toutes cultures peuvent être pratiquées suivant cette technique.

Les sols s’enrichissent aussi par les apports des litières de feuilles et la décomposition des racines fines annuelles, mais surtout, grâce à l’activité symbiotique développée dans les rhizosphères.

Après l’introduction ou la réintroduction des variétés d’arbres dans une région, APAF y encourage la régénération naturelle assistée (RNA). Cette méthode se révèle très efficace et à moindre coût dans de bonnes conditions. Les arbres qui en sont issu ont une croissance plus rapide.

Des résultats reconnus

L’itinéraire technique promu par l’APAF est avant tout validé par le succès rencontré auprès des paysans qui ont vu un accroissement spectaculaire des rendements et de leurs revenus.

Il est également reconnu par des institutions. En 2010, 2 expertises commandées par l’Union Européenne constataient que, au Togo, 5 années après la clôture d’un programme agroforestier financé par l’UE, 99 % des champs de café-cacao étaient effectivement complantés d’arbres fertilitaires vulgarisés par l’APAF, confirmant que les paysans de cette filière ont massivement adopté les techniques APAF.

L’itinéraire technique APAF a par ailleurs reçu la reconnaissance de messieurs Pierre Rabhi, Pierre Gevaert, Willy Delvingt, René Billaz, Paul Kleene, Olivier De Schutter, Bashir Jama, l’UE, la coopération technique belge, et bien d’autres…

Ressources

>>Télécharger le Copyright technique APAF